Fort de sa réputation excessivement brutale au volant, TVR repousse les limites de la violence routière en 2004, avec la présentation d’un modèle encore plus sauvage : la Sagaris.
Au début des années 2000, TVR a réussi un exploit monumental, dans son histoire : disposer d’une véritable gamme complète. Elle commence par la Tamora, un roadster rondouillard au caractère bien trempé. Vient ensuite la T350, un petit coupé déjà bien sauvage. La Tuscan, le best-seller, continue toujours son petit bonhomme de chemin, armé de son rageur 6 cylindres en ligne.
Pourtant, en 2004, TVR planche sur un monstre encore plus joueur du train arrière et destiné à la compétition. Les manufacturiers de pneumatiques la détestent pour sa propension à broyer la gomme en un temps record. Son nom : la TVR Sagaris.
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Une T350 sous stéroïdes
Le nom de la voiture vient des sagaris, une hache de combat légère utilisée par les Scythes et redoutée pour sa capacité à pénétrer les armures de leurs ennemis. Cela annonce la couleur.
A ce propos, le constructeur britannique ne lésine pas sur l’apparence bestiale de la Sagaris. La face avant est plongeante, avec un bouclier ajouré qui rase le sol. Les optiques remontent sur les ailes bombées. Le capot est en deux parties, et la partie centrale est démontable pour laisser apparaître le moteur.
Le profil est la partie stylistique la plus intéressante. Les ailes reçoivent des bouches d’aération pour aider à refroidir la température des freins … et des pneus ! Celles-ci sont remplies par des jantes de 18 pouces. Le cockpit, très en retrait du moteur, est de taille particulièrement réduite. Le bloc et sa boîte de vitesses prennent près de 50 % du volume de la Sagaris.
Enfin, la poupe arbore un porte-à-faux inexistant. Les optiques sont en forme de virgule inversée. Le bouclier accueille deux sorties d’échappement tournées vers les côtés ! Aussi étrange que cela puisse paraître, cela commence à faire quelques années que le public est habitué aux facéties stylistiques de TVR.
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Première originalité : l’accès à bord se fait par un bouton-poussoir situé… sous le rétroviseur ! Le cockpit est très enveloppant et au ras du sol.
Le dessin de la planche de bord est mieux pensé et moins « folklorique » que sur la Tuscan. Les matériaux utilisés sont cossus, avec du cuir et de l’aluminium. A chacun sa place : le pilote d’un côté, le passager de l’autre, et un énorme tunnel de transmission au centre. Les sièges baquets en cuir possèdent un excellent maintien latéral, vital pour la survie de son conducteur. Le volant trois branches permet de maintenir tant bien que mal le cap de ce monstre.
L’instrumentation est constituée d’un compteur au sens horaire et d’un compte-tours au sens anti-horaire. En dessous, les deux écrans LCD renseignent l’état de santé du moteur en temps réel. Un écran central de 7 pouces fait office de GPS et de système hi-fi embarqué. Le pédalier non suspendu en aluminium est un écho direct à la course automobile.
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Moteur 100% TVR : Enfin !
La Sagaris repose sur un châssis tubulaire et un arceau-cage. Un autobloquant Hydratrack a été ajouté pour aider à transmettre idéalement la puissance au sol. Le système de freinage est particulièrement poussé, avec des disques de freins grand diamètre en acier.
Sous le long capot, la Sagaris est propulsée par un 6 cylindres en ligne 4.0 de 406 ch et 473 Nm de couple maxi. Il est associé à une boîte manuelle à 5 rapports. Ce moteur est déjà présent sur la Tuscan S. Ainsi dotée, la Sagaris est capable de passer de 0 à 100 km/h en 3,8 s et d’atteindre 296 km/h. Le tout, sans aucune aide électronique disponible !
Il faut tout de même avoir un sacré bagage technique au volant pour exploiter la pleine puissance de ce monstre sur roues. Sous peine de goûter très vite à la première rambarde venue. Peter Wheeler, le propriétaire de TVR, estimait que de tels dispositifs « favorisaient la confiance excessive et risquaient de mettre en danger la vie du conducteur en cas de tonneau ». Dont acte.
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Démon en kit
La TVR Sagaris a été produite à 211 exemplaires entre 2004 et 2008. Elle a aussi eu un passé en compétition plus honorable que la délirante Cerbera Speed Twelve, avec des victoires à Oulton Park et Brands Hatch dès sa première saison.
TVR a tenu à faire perdurer la Sagaris après la fin de la production sous la forme … de kit car ! Commercialisé par Grex, un carrossier situé aux Iles Canaries, le kit permettait de construire une TVR Sagaris à l’identique, à l’exception du moteur. Le 6 cylindres anglais était remplacé par un V8 LS2 d’origine GM. Les sorties d’échappement deviennent plus classiques, avec de simples tubes droits. 7 exemplaires ont été fabriqués jusqu’en 2021.
La TVR Sagaris a réussi l’exploit de concilier brutalité et efficacité au volant. Elle est sans conteste la TVR la plus aboutie de sa tumultueuse histoire.
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