Dans les années 80, on a beaucoup parlé de Danielson qui préparait des Citroën et Peugeot pour la course ainsi que la route. Les passionnés ont eu l’espoir que ces sportives made in France soient pérennisées mais il n’en a rien été…
La sous-motorisation, ce mal français. Et cet eldorado pour les préparateurs ! Ils ont été assez quelques-uns à se faire un nom et une rente grâce aux carences des mécaniques hexagonales, le plus célèbre d’entre eux étant Gordini. Mais il y a aussi eu Autobleu, Ferry ou encore Constantin, surtout dans les années 50-60, avant les limitations de vitesse.
Puis, en 1977, un petit nouveau débarque, Danielson, société créée à Saint-Parize-le-Chatel, près de Magny-Cours, par Joseph Le Bris. A force de travail et d’excellence, elle accède à une certaine notoriété à laquelle la Peugeot 505 qu’elle a développée pour la compétition n’est pas étrangère.
En effet, à l’époque, les championnats Production puis Superproduction connaissent une belle popularité car ils mettent en scène la voiture de M. Toulemonde, et la 505 préparée officiellement par Danielson pour Peugeot ne manque pas de faire saliver le pékin moyen. Mais voici que Danielson s’en prend à la paisible familiale sochalienne avec pour but d’en faire une rivale des BMW Série 5… sur route ouverte. En effet, en 1981, il dévoile une 505 TI de son cru, dont le moteur Douvrin passe de 110 ch sur le modèle standard à quelque 136 ch grâce une culasse retravaillée. La suspension est, elle aussi, modifiée, tout comme l’aérodynamique : le Cx descend de 0.42 à 0.37.
En résulte une 505 qui dépose une BMW 520i, chose alors inimaginable avec le modèle de série. Hélas, ce n’est que le fruit de commandes de concessionnaires allemands… Danielson ne s’arrêtera pas là, installant dans la 505 le V6 PRV revu par Volvo (2 850 cm3) dès 1982, non sans le booster à 180 ch !
Peugeot a regardé de près ces réalisations, qui ont certainement inspiré la production de série. Ainsi, dès 1983, la 604 bénéficie du PRV « Volvo », une 505 Turbo est lancée, suivie d’une GTI en 1984 et d’une V6 en 1986 ! De surcroît, Danielson produit les kits PTS dont peuvent bénéficier les 505 Turbo (passant de 160 à 200 ch) et Peugeot 205 GTI 1.6 (boostée de 105 à 125 ch).
Danielson, qui travaille avec Citroën Sport, s’impliquera plus clairement dans des modèles de série en préparant les moteur des BX Sport (1985) et AX Sport (1987). Danielson ira même jusqu’à créer une AX complètement folle : en 1991, il greffe un turbo sur son moteur TU dont la puissance bondit à 173 ch ! La petite pointe à 225 km/h et effectue le 1 000 m DA en 26,3 s… En clair, elle gratte les Porsche 968. Toutefois le double chevron, après l’avoir regardée de près, refuse de la commercialiser, voire de l’engager en Groupe N, alors même que sa petite citadine a très bien marché en Superproduction, là aussi grâce à l’expertise de Danielson.
Celui-ci s’occupera aussi de l’Alpine GTA Turbo Le Mans, en lui créant u n kit agréé par Renault boostant la cavalerie de 185 ch à 210 ch. Mais la France n’est pas l’Allemagne, chez nous, la fiscalité et surtout les limitations de vitesse empêchent le marché des voitures rapides de bien se développer.
D’où le manque d’intérêt des marques françaises pour ces autos, et l’impossibilité pour les préparateurs de prospérer, au contraire d’Alpina, AMG ou encore Ruf en Allemagne. On pourrait aussi parler d’Abt, Brabus, Hartge, Hormann, Irmscher, Oettinger… PSA n’a donc pas vu l’intérêt de faire de Danielson son AMG, et d’ailleurs, il n’y en avait peut-être pas.
Heureusement, Danielson, jaloux de son indépendance, s’est organisé autour de trois pôles : les kits, la compétition, en Superproduction comme on l’a vu, mais aussi en F3 et en F3000, et le développement, pour de grands constructeurs, à tel point qu’on l’a surnommé « le Weissach français », en référence au département engineering de Porsche. Soit bien plus que ce faisait AMG !
Mais en 1996, la société boit la tasse, puis redémarre non sans s’être séparée, tristement, d’une partie de son personnel. Fini la compétition ! Danielson se recentre sur le développement et la réalisation de prototypes, se dote par exemple d’une fonderie lui permettant de fabriquer des moteurs, puis s’aventure dans l’aéronautique. La préparation de modèles de série ? Ce n’est hélas plus dans l’air du temps…
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