L’e-Explorer 4.5 est l’entrée de gamme de Lapierre du côté des VTC électriques (les SUV du vélo) en 2024. Il promet de vous accompagner au travail ou en promenade. Voici un essai qui s’étale sur 3 mois sous une météo majoritairement capricieuse.
Imaginez que vous cherchiez un vélo purement fonctionnel, capable de faire un peu de tout, mais surtout de vous transporter vous et éventuellement votre progéniture à l’arrière, sur un siège enfant. De faire des balades éventuellement. Le tout sans trop forcer, car l’objectif ici n’est pas de taper un chrono. Vous correspondez à la cible des VAE d’entrée de gamme. Enfin, entrée de gamme capable de durer. C’est la promesse de l’E-Explorer de Lapierre, affichée à 2 699 euros tout de même, qui s’en sort honorablement, surtout pour le vélotaf.
Contexte de l’essai
Le vélo a passé trois mois en ma compagnie. C’est long trois mois. Durant cet essai, l’e-Explorer a dormi sur mon balcon. Il a donc essuyé les orages, la pluie, le sable du Sahara, les excès de chaleur, en plus de soutenir mes 100 kg pour les trajets. Afin de le tester comme les autres, j’ai effectué à plusieurs reprises mon trajet de test habituel, celui qui culmine à 110 m en Île-de-France (c’est le point le plus haut de la région), avec une pente assez raide puisqu’on passe de 40 m à 110 m en moins de 2 km. C’est assez pour mettre à mal tous les moteurs électriques de vélos.
Pour info, le vélo m’a été livré neuf. J’ai procédé aux réglages que ferait l’atelier où vous iriez l’acheter (freins, vérification des différents braquets, visserie, etc.). Sachez que les vélos sont livrés avec le guidon à remettre dans le droit chemin et les pédales à monter. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai voulu réaliser un essai longue durée.
Lapierre e-Explorer : un design de VTC, le SUV du vélo
Avec le Qashqai, Nissan a proposé le premier SUV à traction du marché. Un engin qui semble taillé pour rouler dans le désert, qui en a les artifices, mais qui en est incapable d’emprunter un chemin légèrement ensablé.
Le VTC, c’est exactement la même chose, mais pour les vélos. Et comme pour le marché automobile, ça se vend comme des petits pains. Mais à la différence de la voiture, le vélo SUV est plus facile à définir :
– Il embarque une position de conduite inspirée des VTT
– Il arbore une fourche suspendue
– Il embarque, parfois, une suspension logée sur le tube supérieur ou le tube vertical
– Il a de gros pneus
– Des freins à disque hydrauliques
– Un porte-bagage
– Des garde-boue
– Un guidon droit
– Un style massif
L’e-Explorer coche presque toutes les cases.
Le tube diagonal contient la batterie. Elle est protégée par un cache en plastique au système d’attache plutôt frêle.
La fourche est suspendue, à défaut de la selle. Notre modèle possède un cadre haut. Mais le cadre bas est disponible, au même tarif. Il sera plus approprié pour le vélotaf, qu’importe le sexe de la personne sur le vélo.
Le porte-bagage est de série, comme les garde-boue et les bavettes, bienvenues lorsqu’il pleut. Un carter de chaîne achève le « carénage ».
Le poids n’est pas contenu pour un sou : 24,9 kg auxquels il faut ajouter les 3 kg de batterie. Ça fait beaucoup. Ça fait surtout 27,9 kg pour 27,4 kg annoncés.
Les pneus WTB Beeline de type ballon sont larges et offrent à la fois une adhérence correcte sur asphalte et une bonne accroche hors-piste (sable, terre). Ils font 27,5 pouces de diamètre pour 2,2 pouces de large.
Le guidon droit embarque un sélecteur de vitesse à droite (shifter).
Sur la gauche, vous retrouvez le boîtier de commande de l’assistance, des phares (alimentés par la batterie). Pas de support smartphone pour l’application, pas d’écran. L’autonomie est indiquée par des LED.
Côté freinage, le vélo repose sur des Shimano MT200 (entrée de gamme du constructeur). Un freinage à disques hydrauliques qui est juste correct comme nous le verrons plus loin.
Concernant la transmission, Lapierre a opté pour le système CUES de Shimano, ici en version 9 vitesses. Nous sommes en monoplateau avec une cassette 11-36 T.
La fourche suspendue est une SR Suntour de 80 mm de débattement.
Le cadre arbore un vert plutôt qui tire un peu vers l’ocre, saupoudré de touches d’un rouge vif. Une combinaison de couleurs qui ne repose pas sur le meilleur des panels. Mais c’est subjectif.
Un manque de puissance
La première chose qui choque, pour quelqu’un habitué à essayer des vélos électriques, est le manque de puissance en montée. J’insiste sur la montée. Car sur le plat, il n’y a rien à redire. Pour détailler un peu la critique, le moteur Bosch dans cette version Active Line tente de garder le couple assez longtemps dans le temps. Malheureusement, non seulement il peine pour des montées légères, mais en plus il abandonne assez vite sa puissance en crête. Donc vous pouvez oublier les ascensions, aussi légères soient-elles.
Sur le plat, en revanche, tout va bien. Le démarrage est même surprenant en mode turbo, sur les premiers tours de roue. Au feu, ça aide tout de même beaucoup, car oui, certains cyclistes respectent les feux. Peut-être parce qu’ils sont également automobilistes et motards.
Un pédalage assisté d’une fluidité exemplaire
Bosch offre l’assistance au pédalage la plus agréable, de loin. Pas de coup de pied aux fesses, pas de latence, le duo humain-machine fonctionne à merveille.
Bien souvent, les constructeurs s’appuient sur des capteurs de couple, mais les données sont mal gérées par l’assistance. Ici, c’est fluide, c’est doux, c’est agréable.
La transmission n’a pas posé de souci particulier. Nous sentons rapidement qu’il s’agit de l’entrée de gamme (il faut insister sur le shifter pour passer ou descendre un cran). Mais RAS pour l’usage prévu. Il faut juste bien calibrer son braquet (choisir sa vitesse si vous préférez), afin de ne pas forcer sur la chaîne et les dents. Enfin, le freinage est mi-figue mi-raisin. Il est assez progressif, mais lors de certaines longues descentes, il a fallu forcer un peu sur la poignée. La faute à un manque de mordant en bout de course.
Une autonomie de chameau
La batterie a une capacité nette de 504 Wh. Le moteur Bosch Active Line Plus, à défaut d’être performant, consomme peu. Avec un cycliste de 100 kg (matériel inclus) évoluant sous une température autour des 25 °C, sur un parcours mixte, il a été possible d’accomplir 57 km en mode turbo. L’excellent mode Auto (couleur violette) permet de pousser jusqu’à 68 km, sans fournir vraiment plus d’effort.
Le chargeur fourni est un 4A, plutôt rare dans cette gamme de prix et vraiment bienvenu. En 1 h 30, vous récupérez environ 50 % d’autonomie, soit environ 30 bornes. La charge complète a été mesurée en 3 h 47.
Le moteur baisse d’intensité une fois arrivé à 10 % : il est possible d’atteindre les 25 km/h, mais il faut être un peu plus patient.
Tant que nous parlons de la batterie, le système de retrait est une gageure. Outre les attaches en plastique mal fichues, l’extraction de la batterie en elle-même est un défi. Nous nous retrouvons à tourner la clé et presser de bas en haut la batterie via le loquet dédié, en attendant que ça finisse par se débloquer. Insérer la batterie n’est pas plus facile. Ajoutez la serrure de la clé cachée derrière un joint, ce qui oblige à chercher le sens de la fente. Le système est entièrement à revoir. Mais force est de constater que même sous la tempête, le cache en plastique fait son travail.
Le vélo pour tout le monde, mais pas pour la performance
Le vélo est facile à rouler. La position est un peu portée sur l’avant, mais rien de rédhibitoire. L’assistance est « naturelle », ce qui fait de cet e-Explorer un vélo idéal pour les débutants en vélotaf, comme à vélo tout court.
À propos de tout chemin, oubliez la boue ! Car les garde-boue, qui portent très bien leur nom, empêchent l’évacuation de la terre mouillée.
En allant arpenter un peu les chemins en forêt, j’ai pu tester l’adhérence des pneus sur la terre. Ils sont bons. L’herbe glissante n’a pas été problématique non plus.
Une partie connectée pour récupérer des infos qui manquent beaucoup
Le Lapierre e-Explorer 4.5 utilise un moteur Bosch et donc le fameux système connecté du constructeur allemand. Pour ce faire, il est indispensable de télécharger l’application eBike Flow (disponible sur Apple Store et Play Store), enregistrer son vélo, accorder toutes les autorisations et connecter son vélo.
Indispensable, car cet e-Explorer 4.5 est dénué du moindre écran. Il est donc impossible d’avoir l’autonomie exacte si ce n’est en se référant au système à LED. Cela implique au choix le support Bosch officiel (vendu séparément 60 €) qui offre la charge à induction et un petit port USB. Ou bien un autre support plus traditionnel.
L’application en elle-même a énormément progressé depuis ses débuts. Enfin, cela reste une application, gratuite pour le coup, et son GPS est parfois capricieux. Mais elle est dans le haut du panier.
En revanche, le traçage GPS du vélo est optionnel et nécessite l’installation du kit de traçage ainsi qu’un abonnement.µ
Vous pourrez effectuer toutes sortes de réglages, configurer vos propres modes d’assistance, récupérer l’historique de vos trajets.
C’est toujours bon à prendre et si vous n’en voulez pas, le vélo fonctionnera quand même.
Un vélo résistant
Le Lapierre a passé des mois sur le balcon, essuyant toutes sortes d’orages, de pluie, de sable du Sahara, de chaleur, de soleil. Cela n’a en rien altéré ni les peintures (qui déteignent très rapidement en général) ni les composants.
C’est un point à souligner, car nous avons tendance à penser que de belles soudures lissées sont synonymes de qualité de fabrication et de résistance. Les deux notions n’ont rien à voir et l’une n’engendre pas forcément l’autre.
Bon point de la part de Lapierre.
Verdict : moyen partout et mauvais nulle part
Le Lapierre e-Explorer n’a pas de lacune particulière. L’assistance est correcte, la puissance est correcte, le freinage est correct, la finition générale est très correcte, la transmission est bonne, bref, c’est moyen partout sans jamais être mauvais nulle part.
Mais le corollaire est également vrai. L’e-Explorer ne brille nulle part. Que ce soit le confort, la puissance en montée, le freinage, l’ergonomie générale, rien ne se distingue, sauf l’autonomie, excellente pour la capacité fournie (504 Wh). Nous pestons contre l’absence d’écran, qui oblige à utiliser son smartphone (le support Bosch n’est pas obligatoire), comme nous saluons le chargeur rapide fourni.
Reste alors le prix. À 2 699 euros hors promotion, ce Lapierre est plutôt bien placé, ne serait-ce que pour la robustesse du produit. Mais également pour son champ d’action : le VTC justifie plus son appellation que le SUV. Emprunter des chemins de terre ou se balader en montagne et forêt n’est pas un souci.
Caradisiac a aimé
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Le confort
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La robustesse
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L’autonomie
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La charge rapide
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Le naturel du pédalage avec l’assistance
- L’équipement complet
Caradisiac n’a pas aimé
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Le manque de panache du moteur
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L’absence d’écran ou de support smartphone (c’est en option)
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Le freinage peu endurant
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Le système de retrait et d’insert de la batterie
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