Forte d’un châssis exceptionnel et d’un moteur très costaud, cette rivale de la BMW 335i gratifie d’un agrément hors normes. Très rare et emblématique du meilleur des années 2010, elle est à mettre de côté sans attendre surtout qu’elle n’est pas si chère : dès 20 000 €.
Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Un châssis exceptionnel, un V6 puissant, des performances élevées, tels sont les arguments de la Jaguar Xe V6 S, une propulsion sportive s’adressant à une clientèle éprise de plaisir de conduite. Profitant en sus d’un haut niveau technologique, cette anglaise surpasse les allemandes de référence par ses qualités dynamiques, sans démériter sur le reste. Seulement, elle appartient à un passé récent mais déjà lointain dans les esprits, tant l’industrie automobile a évolué rapidement depuis cinq ans, sous les coups de boutoir d’un législateur européen chassant le CO2. Des Jaguar comme ça, il n’y en aura plus, sachant en sus que le constructeur ne sortira plus rien avant longtemps. Rare tant par ses spécificités que le nombre d’exemplaires en circulation, cette XE à V6 suralimenté peut déjà être préservée.
Quelle déception ! Ian Callum, justement réputé pour avoir signé des beautés telles que l’Aston Martin DB7 a pris la tête du bureau de design de Jaguar en 1999. Là, il a alterné entre le très contestable (la XJ X351) et le superbe (la F-Type), la XE se situant entre les deux. Quand je l’ai découverte au Mondial de Paris 2014, j’avoue (ce qui est rare) avoir été particulièrement déconcerté par cette berline qui entendait défier la BMW Série 3 avec son esthétique sans tellement de caractère, marquée par une poupe très années 90. Regrettable car cela a certainement détourné certains acheteurs d’une technologie de haut niveau.
En effet, la XE inaugure alors une plate-forme modulaire dite PLA, qui servira aussi chez Land Rover (équipant notamment les Velar, Range et Defender). Se composant à plus de 75 % d’aluminium, elle confère à la XE une spécificité certaine dans sa catégorie, renforcée par des trains roulants de référence. Double triangulation avant, essieu multibras arrière, amortissement piloté, on ne fait alors pas mieux à ce niveau de gamme, et certainement pas chez BMW.
Sous le capot, outre des 4-cylindres (les tout nouveaux blocs Ingenium en diesel et des Ford en essence), la Jaguar s’équipe d’un V6 maison, l’AJ126. Fait amusant, ce bloc dérive de l’AJ-V8 Gen III, vu notamment dans le coupé XK, non pas en s’en défaisant de deux cylindres mais simplement en en vidant deux. Avantage, le bloc demeure identique. Défauts : il est plus lourd et encombrant qu’un V6 conventionnel. Cubant 3,0 l, il bénéficie d’une injection directe, de quatre arbres à cames dotés de déphaseurs et surtout d’un compresseur.
En ressortent une puissance très intéressante de 340 ch et un couple non moins attractif de 350 Nm. Le tout transite par une boîte auto ZF à 8 rapports (comme sur une certaine bavaroise). Malgré un poids plutôt élevé (1 665 kg), en dépit du recours à l’alu, les performances se révèlent sportives, les 100 km/h étant franchis en 5,1 s.
Dans l’habitacle, la présentation manque de cachet mais l’équipement se révèle globalement riche, incluant le cuir, la clim auto bizone, les projecteurs au xénon, les sièges sport à réglages électriques, le GPS, les radars de stationnement, la caméra de recul, l’alarme… Tout ceci se paie relativement cher : 61 800 €, soit 72 600 € actuels selon l’Insee. Ce à quoi on ajoute 6 500 € de malus CO2, ce qui, paradoxalement, apparaît de nos jours presque raisonnable.
Tout ceci fait que la XE V6 S ne se vendra pas très bien, malgré l’apparition d’une variante boostée à 380 ch en 2017. Le moteur à 6 cylindres est d’ailleurs retiré du catalogue en 2019, échappant au restylage qui a permis à l’anglaise de durer jusqu’en 2024. Le normes ont eu sa peau, lui qui émet 194 g/km de CO2 selon la norme NEDC (donc bien plus en WLTP).
Combien ça coûte ?
La XE V6 a subi une forte décote, de sorte qu’on peut la trouver à 20 000 € en 340 ch, avec un 200 000 km au compteur. A 24 000 €, on s’offre une auto de 150 000 km environ, alors qu’à 28 000 €, des exemplaires de 80 000 km se présentent. En dépensant les 30 000 €, on accède à des XE de 50 000 km. Les 380 ch coûtent à peine plus cher.
Quelle version choisir ?
Vu la faible différence de prix, autant choisir une 380 ch, même si les différences en matière de performances restent minimes.
Les versions collector
Toutes, évidemment, à condition de se trouver en parfait état d’origine. En raison de leur rareté, les 380 ch seront plus recherchées.
Que surveiller ?
Sérieusement conçue, la mécanique de la XE V8 S profite d’une belle endurance. Aucune panne grave à noter ni sur le moteur ni la boîte. Cela ne signifie pourtant pas qu’il n’y a pas de faiblesses : les injecteurs se coincent parfois en position ouverte, de sorte que de l’essence imbrûlée peut passer dans l’échappement. Pas grave, mais changer les éléments défectueux est cher compte tenu de leur accès difficile.
Autres soucis : des fuites sur le circuit de refroidissement (durits et thermostat), bénignes. Quelques avaries de poulie de compresseur sont aussi à relever. Côté trains roulants, surveillez les bras inférieurs de la suspension avant, alors que les capteurs d’ABS s’annoncent faiblards. Dans l’habitacle, le système multimédia connaît des avaries, souvent résolues avec une reprogrammation.
Sur la route
Grâce aux nombreux réglages du siège, chacun se trouvera une position de conduite idéale et l’ergonomie s’avère bien pensée. Au démarrage, sourire : le V6 ronronne plaisamment. Ensuite, il émet un feulement discret, très raffiné qui devient plus présent à mesure qu’on approche la zone rouge. Ce bloc garantit des performances de premier plan, ainsi qu’un agrément permanent, mais sans dévoiler un caractère exceptionnel. Heureusement, la boîte ZF lui va comme un gant.
Là où la XE surprend, c’est par son châssis, quand on a enclenché le mode Sport, qui affermit une direction sinon trop légère. L’avant, précis et extrêmement bien guidé, s’inscrit avec une vivacité peu commune en appui mais sans jamais déstabiliser une poupe pourtant agile. Le tout génère de plus une adhérence assez incroyable. Mieux, la Jag encaisse toutes les bosses sans jamais dévier, enchaîne les appuis sans se déhancher et demeure toujours étonnamment confortable. Quel plaisir !
On peste seulement contre la pédale de frein un peu molle et un ESP – non déconnectable à 100 % – parfois intrusif. Rien de grave. Enfin, à 11 l/100 km, la consommation moyenne se révèle raisonnable, même si une BMW 340i se révèle un peu plus frugale.
L’alternative youngtimer
Jaguar S-Type V8 (1999 – 2007)
Si on souhaite une Jaguar pas trop encombrante et puissante mais moins chère que la XE, on peut se la jouer vintage en optant pour la S-Type V8. Révélée fin 1998, elle arbore une ligne purement Jaguar tout en profitant d’une technologie élevée, la conception étant financée par Ford. En clair, la belle anglaise se pare d’une double triangulation avant et d’un bel essieu multitbras arrière.
Sous le capot, on trouve notamment un V8 4,0 l atmo qui, avec ses 286 ch, propulse la S-Type à 100 km/h en 7,1 s. En 2002, une grosse mise à jour apporte un tableau de bord bien plus séduisant ainsi qu’un V8 porté à 4,2 l et 304 ch, la boîte auto gagnant un 6e rapport : les performances (250 km/h, et 6,5 s pour atteindre les 100 km/h) et le standing progressent. Pour 2004, la poupe se voit remodelée, et la S-Type tire sa révérence en 2007. A partir de 8 000 € en très bon état.
Jaguar XE V6 S (2015), la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en V, 2 995 cm3
- Alimentation : injection directe, compresseur
- Suspension : double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis, amortisseurs pilotés (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux barre antiroulis, amortisseurs pilotés (AR)
- Transmission : boîte 8 automatique, propulsion
- Puissance : 340 ch à 6 500 tr/min
- Couple : 450 Nm à 4 500 tr/min
- Poids : 1 665 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,1 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Jaguar XE V6 S, rendez-vous sur le site de La Centrale.
Comments