L’anneau de Longchamp, un tracé très connu des cyclistes de la capitale a été « décoré » de 41 marquages au sol affichant un message de prévention à l’égard des piétons. Les cyclistes râlent. Si de prime abord, cela paraît exagéré, dans le fond, ils n’ont peut-être pas tort.
Nous parlons souvent de vélo comme véhicule de déplacement depuis bientôt 5 ans déjà sur le site (et oui, le temps passe vite). Nous allons entrer dans le loisir et la course amateur le temps d’un article. Car, vous allez le voir, ceci est intrinsèquement lié avec la politique antivoiture.
L’autoroute cyclable parisienne
La France est vaste et regorge de tracés aussi désirables pour y rouler à vélo que violents pour nos palpitants. Malheureusement, la capitale parisienne n’offre rien de tout ça. Il y a bien des points surélevés, comme Montmartre. Mais la densité de la population et l’infrastructure urbaine sont telles, qu’il est impensable d’imaginer rouler à tombeau ouvert dans ces lieux. Il existe pourtant un endroit, autour de l’hippodrome de Longchamp où les cyclistes peuvent s’en donner à cœur joie : l’anneau de Longchamp. Un tracé sur route séparée conçu pour les cyclistes. Un tracé partagé avec les voitures et les piétons et qui permet de se lâcher au guidon depuis un demi-siècle.
Au programme, 3,6 km d’asphalte pour se faire plaisir, entrecoupés de passages piétons permettant de rejoindre l’hippodrome.
Les cyclistes l’ont mauvaise et les statistiques leur donnent raison
En 50 ans, aucun accident mortel entre un cycliste et un piéton n’a été à déplorer. Un seul accident mortel a impliqué un véhicule et un vélo pour une dizaine d’accidents graves. Ces chiffres peuvent faire peur, mais ils sont à mettre en parallèle des 1 000 à 2 000 cyclistes circulant sur ce segment, plus de 100 000 kilomètres parcourus tous les 3 jours et surtout, une effervescence d’utilisateurs depuis l’avènement des classements en lignes (comme Komoot ou Strava).
Si les traits ne font pas de mal en soi (quoique la peinture, mouillée, est glissante), c’est le message passé par la ville qui entretient délibérément un clivage entre piétons et cyclistes. Après celui entre les voitures et les piétons, entre les piétons et les trottinettes et entre les cyclistes et les automobilistes, la ville de Paris semble regorger d’idées pour diviser ses habitants. Peut-être pour mieux régner, qui sait ?
Le rapport avec l’automobile ?
Le rapport est assez violent. La voiture est officiellement considérée comme le diable pour la ville de Paris. Une politique menée depuis une décennie qui a engendré des départs de la zone (les banlieusards de la grande couronne évitent d’y mettre les pieds) et un changement de véhicule pour une autre frange à savoir, les vélos et les trottinettes électriques. Ces dernières ont aussi eu le droit à un sacrifice en bonne et due forme avec la suppression des solutions de partage en libre-service. Il restait donc le vélo qui, petit à petit, se retrouve seul au banc des accusés. Dommage, car les cyclistes ont beau se traîner une mauvaise image, les statistiques jouent en leur faveur. De quoi nous demander si le problème ne serait pas lié à la politique et l’aménagement urbain plutôt qu’aux véhicules des personnes souhaitant se déplacer dans la ville.
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