L’INFO DU JOUR – Le directeur général de Stellantis n’a pas démenti d’éventuelles fermetures de sites de production, ni même de ventes de marques. Mais ces décisions pourraient être prises après son départ en 2026. Pour ne pas apparaître comme un fossoyeur ?
Carlos Tavares au Mondial de l’auto la semaine dernière. Crédit photo : PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP
Les marques à céder ? « Une décision sera prise d’ici deux à trois ans ». Les sites de production qui devront fermer ? La réponse interviendra plus tard encore. « Les usines françaises et italiennes ont un plan de charge jusqu’en 2030 ». Interrogé durant le Mondial de l’automobile qui s’est achevé dimanche 20 octobre, Carlos Tavares a renvoyé à plus tard les décisions difficiles, et surtout, à un moment ou il ne sera plus à la tête de Stellantis, puisque son mandat s’arrête au tout début 2026.
Pourtant, il suffit d’un petit examen pour s’apercevoir que plusieurs enseignes du groupe sont quelque peu cabossées et ce, dès aujourd’hui, et qu’il serait tentant de les vendre. En commençant par Maserati. Le constructeur de Modène est en déficit depuis le début de l’année et n’a vendu que 6 000 autos au cours du premier semestre, soit deux fois moins qu’un an auparavant.
« La place de Maserati est en dehors du groupe »
Nathalie Knight, la directrice financière de Stellantis avait déclaré, à l’occasion de la publication de ces résultats calamiteux « que la place du Trident est en dehors du groupe ». Mal lui en a pris : un communiqué officiel démentait sa déclaration dans la foulée. La patronne des finances a, depuis, quitté la galaxie de 14 marques et un nouveau boss de Maserati, qui chapeaute également Alfa, a été nommé.
Et Maserati n’est pas la seule marque qui pose question. Alain Descat nous déclarait, dans le cadre des grandes interviews de Caradisiac au Mondial que les « plan produits » de DS, Lancia et Alfa Romeo sont établis pour dix ans. L’homme sait de quoi il parle puisqu’il dirige les marques premium de Stellantis pour l’hexagone. Pourtant, en attendant ce futur réjouissant, Alfa est passé de 300 000 autos vendues en 2008 à 50 000 l’an passé. DS quant à lui, ne dépasse pas 50 000 ventes par an, et acte son échec en Chine, même si la marque promet d’y revenir.
Mais on l’aura compris, le sort, et l’éventuelle cession de ces marques européennes, c’est pour plus tard, pour l’après Tavares qui, peut-être, ne souhaite pas laisser un souvenir de vendeur à la découpe du groupe qu’il a aidé à fonder. Pas plus qu’il ne souhaite apparaître comme celui qui aura fermé des usines sur le vieux continent durant son dernier mandat. C’est pourtant ce que les salariés de l’usine de moteurs de Douvrin redoutent. Ils sont d’ailleurs venus manifester aux portes du Mondial le jeudi 17 octobre pour alerter l’exécutif et le public.
Douvrin en mode diminution
La position de Carlos Tavares est-elle susceptible de les rassurer ? Pour un temps seulement. La CGT a pris acte de la baisse de production envisagée dans cette usine du Pas de Calais qui devrait assembler, toujours selon la Confédération, 130 000 moteurs l’an prochain, et seulement 40 000 en 2026. Pour mémoire, en 2023, près de 400 000 blocs diesel et essence sont sortis de cette unité de production, l’ancienne Française de mécanique passée sous drapeau Stellantis.
Mais en 2026, Carlos Tavares ne sera plus aux commandes pour sceller le sort de Douvrin, et pendant son règne, il ne souhaite donc pas fermer d’usine française ou italienne. Enfin presque. Le patron a promis que la décision de la survie de l’usine de Poissy interviendra fin 2025, un moment ou il sera toujours aux manettes. Cela signifierait que les 2 500 salariés qui assemblent les DS3 et les Opel Mokka seront licenciés ? Leur sort n’est évidemment pas scellé.
Sauf que Poissy doit se transformer en Green Campus, qui sera à Stellantis ce que le Technocentre est à Renault : un gigantesque complexe tertiaire regroupant la R&D et toutes les fonctions support. Ce complexe devrait, à terme, accueillir 8 200 cadres du groupe, mais aucun ouvrier. Un tour de magie qui permettrait au patron sur le départ d’expliquer qu’il n’a pas fermé d’usine emblématique en France, mais qu’il s’est contenté d’en transformer une.
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