L’INFO DU JOUR. Contactées par Caradisiac, les principales marques chinoises se veulent rassurantes quant à d’éventuelles augmentations de prix.
BYD, surtaxé à hauteur de 17%, assure que ses prix ne bougeront pas d’ici la fin de l’année. photo Belpress/MAXPPP
Bien qu’attendue depuis plusieurs mois, la décision bruxelloise d’imposer une surtaxe allant jusqu’à 35% aux voitures électriques importées de Chine passe difficilement. Le ministère chinois du commerce dénonce ainsi « l’approche protectionniste de l’Union européenne« , et dit son intention d’intenter « une action dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce. »
Les surtaxes en question s’ajoutent aux droits de douane de 10% déjà en place. Leur montant est modulé en fonction du degré d’aides publiques chinoises dont ont pu bénéficier les différentes marques, et s’élèveront à 7,8 % pour les Tesla fabriquées à Shanghai, 17 % pour BYD, 18,8 % pour Geely (qui contrôle Volvo, Polestar, Smart et Lotus), et 35,3 % pour SAIC (MG). Les autres groupes ayant coopéré à l’enquête de l’UE seront surtaxés à hauteur de 20,7 %, et ceux n’ayant pas coopéré à 35,3%. Est-ce à dire que les prix des voitures vendues chez nous sera augmenté d’autant ? Heureusement non, ainsi que Caradisiac en a eu la confirmation en contactant différents acteurs du secteur.
MG: « Les surtaxes retardent la transition vers l’électrique. »
En commençant par MG, qui est la marque la plus lourdement touchée par les nouvelles mesures. « Rien ne change jusqu’au 31 décembre, nous maintenons nos tarifs car nous avons suffisamment de voitures en stock. Il y aura un possible impact l’an prochain, mais on n’assistera pas à une augmentation de 35%. Il faut aussi rappeler que la surtaxe s’applique sur les prix de transfert, c’est-à-dire sur le prix auxquels nous achetons les voitures à la Chine. Nous sommes ensuite libres de moduler nos tarifs de vente de façon à lisser les surcoûts, en gardant à l’esprit que notre raison d’être est de proposer des voitures électriques les plus compétitives possibles« , commente un représentant de la marque. Et celui-ci d’ajouter : « le problème des hausses de prix est qu’elles ne font que retarder la transition vers l’électrique. Ça rend le marché illisible. » Chez BYD, qui s’enorgueillit d’avoir enregistré 500 commandes au Mondial de l’auto, on temporise aussi: « à ce jour, il est prévu que nous absorbions la différence, Les prix de bougeront pas jusqu’au 31 décembre, après on verra mais nous ne sommes touchés qu’à hauteur de 17% donc pas trop d’inquiétudes à avoir. » Dacia, dont la Spring est fabriquée en Chine, ne montre guère plus d’inquiétude : « la surtaxe s’élèverait pour nous à 20,7%, mais il n’est pas prévu de bouger les prix. Et il n’y aura rien de brutal si hausse il y a. »
Les marques se veulent sereines, et les éventuelles augmentations n’interviendront pas avant le début de l’année prochaine. Les voitures chinoises, qui ont constitué l’une des attractions du Mondial de l’auto 2024, devraient donc encore garder quelque temps leur avantage en matière de rapport prix/prestations. Selon le dernier baromètre Aramisauto x OpinionWay, 73% des Français les considèrent comme très compétitives économiquement, 68% disent qu’elles permettent de s’équiper dans une gamme supérieure pour le même prix, et 54% les voient comme une solution économique pour passer au véhicule électrique.
Et si 79% les perçoivent comme des menaces pour les constructeurs français, elles restent malgré tout des acteurs mineurs du marché. Il s’est écoulé 11 718 voitures de marques chinoises au premier semestre en France (hors Dacia Spring), soit 1,3% du marché global. A l’échelle européenne, c’est un peu moins de 3% sur la même période. La Chine n’a pas encore mis le turbo, donc.
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