Automobilistes, cyclistes et piétons: une cohabitation parfois difficile, et des torts souvent partagés selon le baromètre de la Fondation Vinci autoroutes
« 95 % des usagers de la route ont toujours peur du comportement à risque des autres. » PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
Dans un monde parfait, la route serait cet espace partagé harmonieusement entre tous ses usagers. Des automobilistes soucieux des limitations de vitesse, des cyclistes qui ne grillent pas les feux et n’empruntent pas les trottoirs, et des piétons qui traversent dans les clous. Seulement voilà, les mondes parfaits n’existent pas, comme le montre la dernière livraison du baromètre du partage de la route publiée par la fondation Vinci Autoroutes. L’étude*, menée en France et en Europe, souligne à quel point le respect des règles et du fameux « vivre ensemble » continue d’être mis à mal.
Des chiffres ? En France, 33 % des automobilistes et 67 % des conducteurs de deux-roues motorisés avouent empiéter sur le sas vélo. Mais les usagers réguliers du vélo ne sont pas irréprochables, sachant que 44 % d’entre eux avouent passer au feu rouge même en l’absence d’un cédez-le-passage. Quant aux piétons, ils seraient 80 % à traverser en dehors de tout passage protégé alors même qu’il en existe à moins de 50 mètres. Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi, selon les termes de l’étude, « 95 % des usagers de la route ont toujours peur du comportement à risque des autres. » Ben oui, ce sont toujours les autres, ces fameux autres, qui posent des problème de sécurité. Et un peu soi-même, donc. « Tout le monde a peur de tout le monde« , résume Bernadette Moreau, à la Fondation Vinci Autoroutes.
Et c’est assez logiquement du côté des automobilistes que le bât blesse encore le plus: 78% d’entre nous reconnaissent utiliser leur téléphone au volant, 59% « oublient » le clignotant, 25% se garent parfois en double file, 13% empruntent les voies de bus, 11% ne se refusent pas à emprunter les places réservées aux personnes en situation de handicap, et ils sont la même proportion à utiliser les places de stationnement réservées aux véhicules électriques. De plus, 93% des piétons redoutent encore qu’un automobiliste ne les laisse pas passer alors qu’ils sont prêts à s’engager sur un passage réservé. Oui, nous en sommes là aujourd’hui.
Des attitudes qui disent beaucoup de l’égoïsme ambiant, et pour laquelle on n’entrevoit guère de solution à court terme. Celle-ci réside peut-être dans l’usage de différents moyens de transport, sachant que « 86 % des conducteurs « multi-usagers » » déclarent faire preuve d’une plus grande prudence vis-à-vis des autres sur la route. » Se mettre à la place des autres, donc. Sur la route comme en société, ce serait pas mal effectivement.
*Pour réaliser cette enquête, Ipsos a interrogé du 19 février au 19 mars 2024, par Internet, 12 413 personnes âgées de 16 ans et plus, dont 2 413 Français et 1 000 personnes minimum dans chacun des 10 autres pays sondés (Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Slovaquie, Suède). En France, pour répondre aux objectifs de l’étude, les populations de certaines régions ont été surreprésentées dans l’échantillon afin de disposer d’un nombre d’interviews suffisant (200 par régions) pour analyser les résultats au sein de chaque région. Le poids de chaque région a ensuite été corrigé dans l’échantillon global, afin que chaque région retrouve son poids réel.
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