Entre les différents types de motorisations adaptés à un usage particulier, il faut désormais poser des calculs complexes avant de choisir une auto. Sans compter les multiples formules de financements et d’avantages liés aux revenus. L’acte d’achat est-il désormais réservé aux matheux et aux fiscalistes ?

Faut-il être titulaire d'un doctorat en mathématiques pour acheter une voiture ?

Il fut un temps ou tout était simple. Au siècle dernier, pour s’offrir une nouvelle auto, les critères étaient somme toute assez basiques. Après avoir choisi entre un moteur essence et un moteur diesel, puis entre un diesel et un diesel, lorsque même la Renault Twingo s’est mise à sentir le mazout, tout n’était qu’une question de pouvoir d’achat et d’affinités avec une marque. 

On s’offrait un break Volvo lorsqu’on était antiquaire et riche, une Allemande lorsque l’on avait hérité, et qu’on voulait épater le voisin, une Alfa Romeo lorsqu’on avait la chance d’avoir un beauf mécano, ou une auto française lorsqu’on ne savait pas trop ce qu’on voulait et qu’on avait la fibre patriotique. Pour la payer, on cassait sa tirelire, ou l’on implorait son banquier, et l’affaire était pliée. 

Quand l’usage détermine la voiture

Aujourd’hui, adieu la simplicité. Car il s’agit non seulement de déterminer quel type de voiture il nous faut, mais en plus il faut crapahuter à la lampe frontale dans la jungle des financements. Des choix qui nécessitent de solides connaissances mathématiques, et pour lesquelles, un cursus poussé en fiscalité apporte un plus.

Pour s’en convaincre, il suffit de pousser la porte de n’importe quel showroom de n’importe quelle marque. La question du vendeur n’est plus « quelle voiture souhaitez-vous ? » mais plutôt, « quel usage en avez-vous ? ». Et à partir de là, les ennuis commencent.

"Et votre Peugeot 208, je vous la mets en essence, hybride, hybride rechargeable ou électrique ?"

Inutile de répondre au commercial « ben, je veux me déplacer », car le professionnel regardera de haut ce quidam qui n’a pas foutu les pieds dans une concession depuis deux décennies. L’éventuel client va devoir commencer par sortir sa calculette, faire le bilan de sa vie quotidienne et le business plan de sa mobilité future.

Il va devoir commencer à énumérer et quantifier ses trajets pour se rendre au boulot et pour déposer les gosses au tennis avant de passer chez Leclerc. Sans oublier les déplacements de loisirs, lors des week-ends et des vacances, sans négliger le nombre de repas dominicaux pris chez sa belle-mère chaque année.

Une fois cette jolie liste, dûment kilométrée, établie, il va pouvoir se décider pour une voiture essence, diesel, micro-hybrides, full hybride, hybride rechargeable ou électrique. Facile de choisir : il suffit de faire le ratio entre ses besoins quotidiens et ses besoins exceptionnels, le climat sous lequel il vit, le type de routes empruntées, la consommation en ville de chaque type de moteur, sans oublier l’autoroute et le temps de recharge en fonction de la distance, je pose cinq et je retiens trente.

"Et cette Renault Clio, vous la payez cash, par emprunt bancaire, en LOA ou en LLD ?"

Quand cette équation bourrée d’inconnues est posée, le vendeur va proposer un café au pauvre acheteur éreinté, avant d’entamer la suite, le cauchemar suivant : le financement. LOA ? LLD ? Cash ? Emprunt bancaire ? On ressort la calculette qui n’a pas eu le temps de refroidir, contrairement au café, et l’on se questionne encore, en posant de nouvelles équations démoniaques.

LOA ? Ok, mais ça va me coûter plus cher qu’un emprunt bancaire ? Je pose mes taux d’intérêt comparés et j’ajoute les frais de dossier et le prix de l’assurance « pas obligatoire mais teeeeellement conseillée ». Et la VR ? On a oublié la valeur résiduelle. Elle vaudra combien ma bagnole dans deux, trois ou quatre ans ? Je pose vingt et je retiens cent.

Les ventes de voitures sont en baisse ? Ça alors

Le potentiel acheteur a tout bien répondu, quand le vendeur l’interpelle à nouveau. « Et vos revenus ? Ils sont de combien ? Et vos enfants, vous en avez beaucoup ? ». Le client, interloqué, se demande de quoi se mêle l’homme de la concession, mais ce dernier le rassure : c’est pour savoir s’il rentre dans le cadre du leasing social qui, peut-être existera encore, ou dans celui d’une exemption de malus, d’une aide de la région, du département ou de la paroisse. 

Au bout de sa vie, et de sa journée de calcul, le client potentiel finit par rentrer chez lui et explique à sa femme que sa vieille bagnole de 12 ans est toujours svelte, et qu’il va encore la garder quelque temps. Ce quidam est-il un cas isolé ? Les phobiques de la calculette sont-ils nombreux ? Difficile à dire. En tout cas, les ventes de voitures ont baissé, en France, de 11% en septembre de cette année, et le score d’octobre est similaire.

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