Laissée de côté durant deux générations, la M5 Touring revient avec ce nouvel opus, fort de 727 ch mais qui échappe à tout malus grâce à l’hybridation rechargeable. Reste à savoir si le cocktail est susceptible de séduire les papas pressés…
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Entre la M5 et la variante Touring, c’est un peu « je t’aime, moi non plus » : s’il était logique que la e28 ne soit disponible qu’en berline faute de version break de la série 5 dans les années 1980, les opus suivants n’ont pas systématiquement dit oui au hayon. Du côté des pour, on trouve ainsi la e34 en 1991 ainsi que la e61 à moteur V10, mais toutes les versions à moteur V8 sont restées contre : l’atmosphérique (e39) comme les suralimentées (noms de code commençant par F).
D’autant plus étonnant que les sportives à « cinq portes » rencontrent le succès chez la concurrence. Le mal est aujourd’hui réparé avec ce Touring qui fait écho à la berline G90 essayée récemment, en reprenant la nouvelle mécanique hybride rechargeable maison composée du V8 biturbo du précédent modèle, fort de 585 ch ici, et d’un électromoteur de 197 ch pris en sandwich avec la boîte auto 8 rapports, l’ensemble pouvant fournir une puissance cumulée de 727 ch.
L’arrivée de cette variante est plutôt une bonne nouvelle pour les familles en manque d’espace, car malgré un gabarit en nette hausse, la berline ne propose que 466 dm3 dans son compartiment à bagages. Ne nous méprenons pas : en privilégiant le style, la nouvelle M5 Touring manque encore un peu de coffre, d’autant qu’elle doit composer avec un système de roues arrière directrices encombrant, comme sa frangine à trois volumes. Mais en revoyant les ancrages du train arrière, la marque est parvenue à aplanir les parois latérales, plutôt biscornues sur la berline.
Et si les 500 dm3 proposés sous le cache-bagages ne suffisent pas, il est toujours possible d’acquérir un filet de séparation avec l’habitacle pour charger jusqu’au plafond. Du reste, vous pouvez toujours chercher plus logeable, notamment chez Audi où vous trouverez une RS6 Performance dotée d’un coffre de 565 dm3, mais il faudra remettre la main au porte-monnaie. Car si la Bmw apparaît chère au catalogue avec 162 050 € affichés, le break aux Anneaux est plombé par un malus de 60 000 € qui porte sa note finale à 211 050 €…
Revers de cette hybridation qui épargne de toute taxe : le poids de la M5 atteint des sommets ici avec 40 kg de plus que la berline, soit 2 475 kg à vide, ou 2 550 kg avec un conducteur de 75 kg tel que ma pomme… Certes, on pourra toujours déculpabiliser d’avoir craqué pour une sportive en laissant régulièrement la faune et la flore tranquille, la maousse batterie de 18,6 kWh promettant 67 km en électrique avant de charger, et cela sans se traîner. Mais les plus excités du volant risquent de rester sur leur faim…
Des limites lointaines mais existantes…
Pour sûr, il y a de quoi s’amuser, les ingénieurs de Motorsport ayant le chic, avec le concours des talentueux pneumaticiens de Michelin, pour repousser les lois de la physique. Non seulement la nouvelle M5 Touring est un missile (0 à 200 km/h en 11s1), mais sa réactivité en entrée de virage et son grip latéral donnent l’impression d’avoir affaire à une voiture « normale ».
La direction à la démultiplication réduite (environ deux tours de butée à butée) agissant sur les quatre roues (1,5° maxi à l’arrière) et les gommes Pilot Sport S 5 y sont pour beaucoup dans cette prouesse, de même que la suspension pilotée qui trouve un judicieux compromis absorption des bosses/maintien de caisse.
Les plus exigeants trouveront toutefois à redire. Déjà parce que l’on manque cruellement de ressenti dans le volant et la pédale de frein. Ensuite parce que l’on perçoit rapidement un caractère sous-vireur en entrée des passages serrés, d’autant que le postérieur ne se montre mobile qu’à la réaccélération. Un peu trop d’ailleurs, ce qui limite les envies de déconnecter la transmission aux roues avant, d’autant que la voiture occupe beaucoup de place avec 5,10 m de long pour 1,97 m de large. Par ailleurs, il y a fort à parier que les gommes s’useront en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Enfin, pour ceux qui tapent sauvagement dans les freins, notamment les amateurs de circuit, le système acier d’origine risque également de rendre les armes. Pour couronner le tout, la récupération d’énergie se déconnectera. De fait, batterie sera vide, impossible de recharger en roulant et donc, d’alimenter l’électromoteur. Le V8 sera donc le seul à répondre présent aux sollicitations du pied droit…
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