Un livre somme revient sur la chute de Motorcity, sur le déclin de Detroit, ex-capitale mondiale de l’automobile devenue champ de ruines. Allégorie d’une industrie sur la même trajectoire ?

Detroit : portrait d'une ville catastrophe
Crédit photo : Xu Jianmei / Xinhua News Agency/Newscom/MaxPPP

C’est une somme sur une ville en sommeil, ou qui feint de l’être. Ce n’est pas, en tout cas, un énième reportage sur Detroit, mais la radiographie de Motorcity. Une cité qui à elle seule, symbolise le chaos de l’industrie automobile depuis 40 ans, et le chaos américain depuis un peu moins longtemps.

Raphaëlle Guidée, l’auteur de cette Ville d’après, Détroit une enquête narrative, est universitaire et spécialiste de littérature comparée. Rien à voir ? Sauf que c’est en chercheuse qu’elle se glisse dans les avenues désertes de downtown et dans les banlieues en ruine. Et elle a compilé tout ce qui a été filmé, photographié, dit et écrit sur la ville du Michigan depuis des décennies.

Du faste au chaos

Pour autant, elle ne restitue pas tous ces travaux dans une langue aussi peu passionnante que des conditions générales de vente. On déambule avec elle, on apprend avec elle et on comprend avec elle ce qui a pu se passer au bord du lac Érié dans cette Mecque en ruine. Comment, en quelques décennies, Detroit est passée d’une cité ultra-prospère de 2 millions d’habitants, à une ville officiellement en faillite le 18 juillet 2013.

Detroit : portrait d'une ville catastrophe

 

Une agonie lente entamée dès les premières fermetures d’usines des années 70 et dont le coup de grâce brutal est arrivé en octobre 2008, avec la crise des subprimes et la faillite de General Motors, qui était, et on l’a tous oublié, la première entreprise au monde. S’ensuit un désert industriel, des infrastructures publiques qui disparaissent, une délinquance qui explose et donc, la faillite de la ville elle-même, il y a un peu plus d’une décennie.

Un tourisme voyeuriste ?

Et depuis ? Detroit renaît, grâce à cette incroyable résilience toute américaine. Le centre-ville retrouve des couleurs, celle des start-up et des microbrasseries qui pullulent. Mais le reste de la ville, dont le nombre d’habitants a été divisé par trois, est toujours en ruine.

Ce champ du chaos, même s’il est parsemé de verdure, de fermes urbaines qui ont poussé sur les friches, est même devenu un centre de profit, celui d’un tourisme particulier qui pousse des Américains et des étrangers, plutôt blancs et plutôt aisés, à venir humer ce drôle de décor aux allures de fin du monde, histoire de se faire peur. Histoire, peut-être aussi, de constater un changement profond de civilisation, celui de la bagnole, celui de l’opulence, dans une ville démocrate depuis plus d’un siècle, et qui vient de glisser du côté de Donald Trump.

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