Après le relatif succès de son vaisseau amiral électrique Enyaq, Skoda s’invite désormais dans la cour des SUV compacts silencieux pour s’attaquer, entre autres, au Renault Scenic ou Kia EV3. Si l’Elroq peut compter sur les atouts habituels du constructeur tchèque, comme l’habitabilité ou le sens pratique, il inaugure aussi fièrement les nouveaux codes stylistiques de la marque. Mais qu’en est-il à son volant ? Réponses sur un parcours exigeant, entre les voies rapides et les lacets vallonnés de l’île de Majorque.
C’est donc une nouvelle ère qui commence dans le déploiement de la gamme électrique Skoda, du moins esthétiquement parlant. Le nouveau design baptisé “Modern Solid” entrevue à travers les coups de crayon du concept Vision 7S il y a 2 ans, se concrétise sur cet Elroq. Un design simplifié, qui abandonne même la traditionnelle calandre à grille et qui s’enrichit d’une nouvelle signature visuelle haute. Rien de révolutionnaire pour autant, il suffit d’aller voir chez Hyundai ou Citroën pour observer des solutions de design similaires. Skoda abandonne aussi la très show off Crystal Face et reprend ce qui semble être la même solution lumineuse reliant les optiques que les Volkswagen, mais au rendu ici hachuré plutôt que continu. C’est la fin aussi du logo Skoda à flèche ailée, la marque s’écrit maintenant en toutes lettres à l’avant comme à l’arrière. Les protections de bas de caisse et passages de roues en plastique noir sont en série sur toutes les finitions et l’Elroq se voit teinté par défaut d’un bleu Energie. En option, Skoda propose un superbe vert Timiano à coût raisonnable (700 euros) quand le rouge Velvet lui aussi très réussi demande cette fois 1 100 euros. Le SUV compact peut se chausser de jantes allant de 19 à 21 pouces, un choix qui peut avoir une influence significative sur le comportement routier comme nous le verrons.
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Ambiances et espace
Bien souvent chez Skoda, le choix de la finition s’accorde avec un choix d’ambiances intérieures. Ainsi les 4 finitions (City, Element, Clever et Plus) sont proposées par défaut avec l’ambiance Loft (sellerie en tissu recyclé et surpiquée, inserts de planche de bord gris anthracite…). À partir de Clever apparaît l’ambiance Lodge (640 euros) qui reprend les mêmes matériaux mais se singularise par des inserts différents et surtout des ceintures et surpiqûres orange procurant à bord un semblant de sportivité. Enfin, seule la finition haute Plus permet d’accéder à l’ambiance Suite (1 800 euros) qui donne accès notamment à une sellerie et des habillages en cuir, en plus de sièges ventilés notamment.
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Un écran tactile réactif
Sur toutes les finitions, l’écran central tactile de 13 pouces est en série. Inauguré sur les Superb et Kodiaq, il est particulièrement réactif, personnalisable de bien des façons, tout en laissant la main à des touches physiques pour la sélection des modes de conduite et surtout des aides à la conduite. Les plus intrusives sont ainsi désactivables en seulement deux actions du doigt.
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Un espace généreux pour les jambes à l’intérieur
Les espaces de rangement sont, comme souvent chez Skoda, pléthoriques et chaque objet de son voyage trouvera une place idéale à bord. À noter, en série, cette boîte de rangement amovible, recouvrant ce qu’il reste du tunnel central arrière. À l’arrière justement, les passagers profitent d’un espace vraiment généreux avec une position haute et sécurisante, sans cette sensation d’avoir les jambes relevées comme c’est parfois le cas sur des électriques dont les batteries sous plancher imposent une assise peu naturelle.
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Un volume de coffre légèrement en retrait mais…
15 cm plus courts que l’Enyaq, l’Elroq paie le prix de sa compacité par une capacité de coffre réduite mais pas de panique pour autant. Avec 470 litres, il lui manque certes 70 litres face au généreux Scenic mais s’impose de 10 litres face à l’EV3, plus court de 20 cm. La soute du Tchèque reste néanmoins accueillante et bénéficie de nombreuses solutions de modularité. En plus de petits espaces aménagés après les passages de roues (comprenant une prise allume-cigare), il est par exemple possible d’utiliser la plage arrière pour diviser le coffre en 2 compartiments horizontaux. C’est une des nouveautés “simply clever”, chères à Skoda, qui montre un intérêt par exemple pour limiter les mouvements des sacs de course et éviter qu’ils ne se reversent sur un virage trop prononcé.
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Un filet de rangement pour le câble de recharge
L’autre nouveauté, c’est un filet de rangement pour le câble de recharge, sous cette même plage arrière, qui évite ainsi d’avoir à vider son coffre si ledit câble était rangé dans les compartiments sous plancher. À voir cependant si ce filet n’a pas tendance à se détendre dans le temps. Un accessoire malheureusement réservé à la finition la plus haute. La banquette se limite en outre à une fraction 60/40, sans plancher parfaitement plat une fois rabattue. Enfin, une trappe à ski reste présente, toujours pratique pour les objets longs en général.
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Des motorisations rationnelles
2 puissances sont proposées au lancement du SUV compact 100 % électrique : l’Elroq 50, fort de 170 ch pour une autonomie de 372 km (batterie de 52 kWh nets) se prête logiquement à une utilisation plutôt urbaine et périurbaine, proche des points de recharge avec un rayon d’action qui devient vraiment juste en condition difficile (hiver, dénivelés…). Une puissance potentiellement frustrante aussi lors des accès sur autoroute ou en environnement vallonné comme l’a montré notre essai. Pas tant dans la poussée puisque les 310 Nm de couple sont suffisants mais plutôt dans sa capacité à la maintenir.
Plus de confort dans l’usage avec la version Elroq 85
Désagrément résolu bien évidemment avec l’Elroq 85, fort de 286 ch et 585 Nm. Avec une grosse batterie qui plus est de 77 kWh nets, l’autonomie grimpe à 579 km, laissant largement de quoi voir venir avec un ensemble propulseur qui convient ainsi à n’importe quel type de routes et de voyages. Cette version bénéficie en outre du chargeur rapide le plus puissant de 175 kW contre 145 kW pour le reste de la gamme.
Une version Elroq 60 prochainement disponible
Une gamme qui se complétera très prochainement de l’Elroq 60, dont la puissance est ajustée à 204 ch pour une batterie de 58 kWh nets et annoncé pour 400 km d’autonomie. C’est légèrement mieux que l’Elroq 50 sur ce dernier point mais devrait (indisponible lors de nos essais) surtout permettre plus de polyvalence dans les relances.
Des consommations conformes aux attentes
Quelle que soit la version choisie en tout cas, l’Elroq a montré une étonnante constance dans ses consommations d’énergie. Les Elroq 50 comme 85 ont tous les deux affiché sur un même parcours exigeant (autoroutes et lacets de montagne donc) des scores oscillants entre 17 et 20 kWh/100 km. La fiche technique confirme d’ailleurs le phénomène avec 15,9 à 16,1 kWh/100 km WLTP pour le 50 et 15,3 à 16,4 kWh/100 km WLTP pour le 85.
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Rigoureux et légèrement ferme en conduite
Skoda a toujours aimé les grandes jantes, elles apportent beaucoup sur le design c’est certain mais influencent aussi significativement le confort d’amortissement, surtout sur les obstacles urbains. Avec une suspension déjà légèrement typée vers la fermeté par défaut, il vaut mieux, à nos yeux, rester sur du 19 pouces. Opter pour 20 pouces ou 21 pouces justifie ensuite l’investissement pour le pack Drive qui ajoute une suspension pilotée, un mode confort bienvenue, ainsi qu’un mode personnalisable sur une large plage de réglages d’amortissement. Ce pack vient aussi avec un volant à palettes permettant de jouer avec 3 niveaux de récupération d’énergie au freinage. Il faudra cependant obligatoirement opter pour l’Elroq 85, en finition haute Plus, pour profiter de ces bénéfices techniques et même ajouter 980 euros d’option. Pourtant proposer à la carte ne serait-ce que la suspension pilotée serait une bonne idée selon nous, d’autant que l’option des palettes nous a semblé superflue tant mode intelligent de la régénération au freinage fait preuve d’un vrai bon sens en toutes circonstances (coupée sur les phases les plus roulantes, maximale en roulant proche d’un véhicule ou à l’abord d’un rond-point par exemple).
Plus rigoureux que le Kia EV3
Quoi qu’il en soit, l’Elroq se veut plus rigoureux sur son comportement routier global qu’un EV3 qui, lui, privilégie un peu plus la souplesse mais au prix d’un roulis plus prononcé. On pourra cependant reprocher peut-être au tchèque une sensation spongieuse de la pédale de frein, assez typique des modèles électriques du groupe Volkswagen d’ailleurs, qui n’aide pas à faire oublier les 1,9 à 2,2 tonnes de l’engin.
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Des prix attractifs
Avec un premier prix fixé à 33 300 euros (50 finition City), l’Elroq tient un argument supplémentaire face à un Renault Scenic qui en demande au minimum 39 990 euros (Evolution). Sa puissance est similaire (170 ch), toutefois sa batterie est plus puissante, au point d’offrir 430 km d’autonomie. À 35 990 euros, le Kia EV3 tient tête au tchèque en offrant, quant à lui, un peu plus de puissance et d’autonomie dès l’entrée de gamme (204 ch pour 436 km d’autonomie). Le coréen est toutefois significativement plus compact.
Moins cher que le Renault Scénic électrique en haut de gamme
Pour profiter de l’Elroq 85 à suspension pilotée, qui représente le modèle le plus haut de gamme, il faudra cette fois investir 45 410 euros. Ce qui reste nettement en dessous d’un Renault Scenic Techno option Iconic, qui explose à 52 490 euros, plafonne à 220 ch et ne propose pas de suspension pilotée. En revanche, sa batterie permet une autonomie de 623 km. Quant au Kia EV3, il culmine à 45 990 euros en finition GT Line avec une puissance qui reste à 204 ch mais une batterie haute autonomie comparable à l’Elroq 85 en revanche, offrant entre 563 et 605 km de rayon d’action. À noter qu’une version 85X à double motorisation et 4 roues motrices viendra prochainement s’ajouter dans la gamme Elroq, une offre que ne proposeront pas les 2 concurrents cités.
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